“Forty Million Dollar Slaves” de William Rhoden
Mon verdict
William Rhoden signe un livre intéressant de sociologie historique sur l’athlète noir dans sa pratique sportive aux Etats-Unis et sur son exploitation. Je regrette un manque d’engagement sur certains questions et des chiffres pour étayer ses théories.
6/10
Introduction
“Forty million dollar slaves” est un livre écrit par William C. Rhoden qui s’intéresse à l’histoire des noirs dans le sport et pourquoi ils gardent des caractéristiques d’esclaves aujourd’hui malgré les millions de dollars qu’ils peuvent gagner durant leurs carrières.
Cette œuvre est le premier livre de la sociologie du sport que je lis dans mon projet de m’armer intellectuellement sur ce sujet. J’avais voulu commencer par un livre classé dans la sociologie américaine et bien que le livre soit intéressant d’un point de vue historique, je l’ai trouvé extrêmement pauvre sur sa rigueur scientifique et donc sociologique. Néanmoins, le livre est brillant dans sa narrative historique et certaines citations sont incroyables pour illustrer des réflexions.
L’auteur parcourt l’histoire de l’afro-américain dans sa pratique sportive. Si tant est qu’on puisse appeler une pratique sportive le fait d’être un esclave de plantation qu’on utilise dans des combats et des courses organisées entre maisons coloniales.
Les athlètes noirs de l’époque avaient alors un statut particulier. Alors que les esclaves rebelles étaient méprisés des blancs, les esclaves cuistot, chauffeur ou jardinier étaient méprisés des noirs. Les athlètes, eux, étaient appréciés de tous. Les esclaves favorisés des blancs étaient nommés des Uncle Tom, Old Negros ou des White Men niggers. A noter que ces termes sont importants car ils seront réemployés plus tard au sein de la population noire.
Avant de commencer cette narration historique, l’auteur parle brièvement de son rapport au sport et aux athlètes noirs et il explique que son père et lui-même soutenaient automatiquement les athlètes noirs. Ca m’a frappé de justesse et de nostalgie car mon père avait et a l’habitude de toujours soutenir les athlètes marocains. De la même manière, il va toujours connaître le nouveau crack marocain dans des sports dont il ne connaît pas les règles ou bien quel artiste avait un ancêtre marocain. Je suis toujours abasourdi de cet amas de connaissances hyper spécifique.
William Rhoden explique cela avec un texte que j’ai trouvé très beau :
« So our cheering assumed a deeper meaning : We were cheering for our very survival. Black athletes became our psychological armor, markers of our progress, tangible proof of our worth, evidence of our collective soul. Our athletes threw punches we couldn’t throw, won races we couldn’t run. Any competition or public showing involving an African American was seen as a test for us all; the job of the athlete was to represent The Race. This was a heavy burden on the one hand, but on the other it represented a noble, time-worn responsibility. You always represented.”
« Nos acclamations ont pris un sens plus profond : nous applaudissions pour notre propre survie. Les athlètes noirs sont devenus notre armure psychologique, marqueurs de notre progression, preuve tangible de notre valeur, témoin de notre âme collective. Nos athlètes ont lancé des coups que nous ne pouvions pas lancer, ont remporté des courses que nous ne pouvions pas courir. Toute compétition ou présentation publique impliquant un Afro-Américain était considérée comme un test pour nous tous ; le travail de l'athlète était de représenter La Race. D’un côté, c'était un lourd fardeau, mais d'une autre part, cela représentait une responsabilité noble et usante. Vous étiez toujours en représentation. »
Le Jockey Syndrome
Après avoir parlé des esclaves sportifs, William Rhoden enchaîne avec les jockeys de la fin du XIXème siècle qui vont donner leur nom à une mécanique discriminatoire décrite par l’auteur. Les noirs étaient dominants dans le monde hippique car les anciens esclaves étaient les palefreniers, les jockeys et les coachs. Ils oblitéraient cette compétition sportive. Cela ne posait pas de problème jusqu’à ce que les gains deviennent trop importants pour que les blancs les laissent aux noirs. C’est ce qu’on appelle le « Jockey Syndrome ». Les noirs se sont faits méthodiquement éliminer du circuit hippique en se faisant agresser physiquement ou en se faisant écarter juridiquement et règlementairement. William Rhoden cite des exemples similaires en cyclisme et au base-ball.
Dans ces deux derniers sports, on retrouve deux sportifs : Moses Fleetwood Walker et Major Taylor qui ont excellé dans leurs sports respectifs et qui pensaient être différents du « typical negro » de par leurs exploits sportifs. Il n’en sera rien. Major taylor mourra seul dans un hôpital, ruiné de tous ses gains financiers exceptionnels pour un homme noir de l’époque. Moses Fleetwood Walker connaîtra une vie plus décente mais sera impliqué dans un meurtre de légitime défense où il s’était défendu contre 4 blancs. Il sera heureusement reconnu non coupable.
On reconnait donc la chute de l’ancien sportif de haut niveau combiné au rejet de l’homme noir. Le combo est saisissant. L’ancien sportif de haut niveau vit difficilement son statut car on lui retire faveurs et gloires du jour au lendemain. Le noir ancien sportif de haut niveau le vit doublement mal car en plus de perdre faveurs et gloires du jour au lendemain, il redevient un « typical negro » à l’instant où il n’est plus sous le feu des projecteurs.
« White America determined the pattern of integration; the white power structure chose blacks who made whites feel comfortable, who more or less accepted the vagaries of racism. This was the Jackie Robinson model of how an integration-worthy African-American behaved: taking abuse, turning the other cheek, tying oneself in knots, holding one’s tongue, never showing anger, waiting for racist sensibilities to smolder and die out-if your spirit didn’t die first. This model was hardly progress for black athletes. It was, in fact, a reversal of the paradigm for black involvement in sports that Foster and others had created out of a hard necessity.”
“L'Amérique blanche a déterminé le modèle d'intégration; la structure du pouvoir blanc choisissait des Noirs qui mettaient les blancs à l'aise, qui acceptaient plus ou moins les aléas du racisme. C'était le modèle Jackie Robinson, comment un Afro-Américain digne d'intégration devait se comporter : subir des abus, tendre l'autre joue, s’emmêler les pinceaux, tenir sa langue, ne jamais montrer de colère, attendre que les sensibilités racistes couvent et s'éteignent - si votre l'esprit n'est pas mort le premier. Ce modèle n'était guère un progrès pour les athlètes noirs. C'était, en fait, un renversement du paradigme de l'implication des Noirs dans le sport que Foster et d'autres avaient créé par une dure nécessité.”
La Negro National League
Cette citation permet d’intégrer l’un des personnages les plus intéressants de ce livre : Andrew « Rube » Foster qui est un homme noir ayant créé la Negro National League (NNL) en 1920. Son but était de fédérer ceux qui ne pouvaient l’être. Il voulait que sa ligue soit jouée, coachée, managée et organisée par des hommes noirs.
« Foster’s Negro National League created a universe in which the black presence was accepted, nurtured and celebrated”.
“La Ligue Nationale Negro de Foster a créé un univers dans lequel la présence noire était acceptée, nourrie et célébrée ».
Il voulait que sa ligue devienne tellement forte, spectaculaire et tellement génératrice d’argent qu’elle deviendrait incontournable. Il était un réel combattant, un dictateur bienveillant qui faisait ce qu’il avait à faire pour que sa ligue vive et ne soit pas corrompue pour son idéal. Il était l’incarnation du « New Negro » qui était l’antithèse du « Old negro ». Le New Negro riposte et croit à la violence pour son combat tandis que le Old Negro baisse la tête et cherche à survivre en plaisant aux blancs.
Audley Moore, une leader militante des droits civiques des afro-américains fait une description glaçante des « Negroes » :
« They not only called us Negroes, they made us Negroes : things that don’t know where they came from and don’t even care that they don’t know. Negro is a state of mind, and they massacred ours minds”
« Ils ne faisaient pas que nous nommer Nègres, ils ont fait de nous des Nègres : des choses qui ne savaient pas d’où ils venaient et qui ne s’en souciaient pas. Etre Nègre est un état d’esprit et ils ont massacré nos esprits. »
L’histoire d’Andrew Foster finit mal car il se fait interner en 1926 et meurt en 1930. La Negro National League mourra avec lui.
Les critiques
A ce moment là du livre, nous sommes à la page 115 et le livre va descendre un peu en qualité à partir de là à part quelques transcendances.
Première critique : il y a beaucoup de noms et c’est difficile mettre des visages dessus. Ils s’accumulent et on saute vite de chapitre en chapitre et d’époques en époques. A peine s’est-on intéressé à un personnage qu’il disparait. C’est normal car l’histoire afro-américaine est riche mais retenir autant d’informations est difficile. Une petite frise chronologique ou un résumé des personnages en fin de livre aurait été pertinent.
Deuxième critique : bien que ce livre soit classé dans de la « sociology » dans les librairies anglophones, il n’en est rien. Le seul moment où des chiffres sont cités est à la page 140 pour dire que de 1991 à 1994, seul 10% des 5889 postes administratifs de la NCAA étaient occupés par des noirs. L’auteur continue en disant des chiffres sans jamais les remettre en contexte pour nous permettre de comprendre le gouffre si gouffre il y a. Par exemple, quel est le pourcentage d’afro-américains dans la population américaine ? Ou quel le pourcentage d’afro-américains dans la population de joueurs ? Comparer et remettre en perspective aurait permis de donner vraiment du relief à ces chiffres. Là, ils tombent juste à plat.
William Rhoden est un magnifique écrivain mais un piètre utilisateur de statistiques. Ca se ressent malheureusement encore plus au milieu du livre où il décrit le « black style ». Et là, on en arrive à un point extrêmement intéressant de ce livre car super touchy. L’auteur décrit un style des athlètes noirs comme étant flashy, en dehors des normes.
« A level that could not, at that point, be reached by white players, who were too often shackled by limitations and expectations imposed by the very conventions Mays challenged”.
“Un niveau qui ne pouvait pas, à ce point, être atteint par des joueurs blancs, qui étaient trop souvent enchaînés par des limites et attentes imposées par les normes que Mays défiait ».
L’auteur parle ici d’une légende du base-ball : Willie Mays. Mais il parle aussi d’athlètes comme Michael Jordan, Wilma Rudolph, Mohamed Ali ou R.C Owens sur lequel on va s’attarder maintenant.
William Rhoden décrit alors le black style comme étant inventif, grâcieux, hors des normes…avant de l’illustrer avec Michael Jordan, qui était UN MONSTRE PHYSIQUE et R.C Owens qui a révolutionné le football américain des années 50 en popularisant la alley-oop passe.
En fait, avant ce joueur, les quaterbacks balançaient des passes à leur wide-receivers qui la recevaient en courant avec les pieds au sol. Mais R.C Owens a révolutionné le genre en sautant pour choper ces ballons. D’où le terme de « alley-oop pass » qui s’est ensuite popularisé au basket-ball et qui est aujourd’hui un geste technique relativement commun en NBA où on va en retrouver un ou deux par match.
Bref, l’auteur n’est pas rigoureux. Ces joueurs dont il vante le « style » avaient transcendé leur sport aussi grâce à leurs qualités physiques. Je suis désolé mais les hanging time et les gros dunks de Michael Jordan venaient en partie de son physique incroyable. La capacité de R.C Owens à faire un alley-oop venait en partie de son physique incroyable. Je trouve qu’il manque d’honnêteté car il veut éviter de manière assez évidente qu’on réduise les athlètes noirs à leurs seules qualités physiques et il invente pour cela le « style » de l’athlète noir qui est un mot fourre-tout qui ne veut rien dire.
Je trouve ça dommage car en tant qu’afro-américain militant, il aurait pu étudier cette question des capacités physiques des athlètes noirs qui est si difficile à aborder. Je trouve qu’il en parle pauvrement et qu’il n’a pas cherché à explorer le sujet en s’interrogeant sur les qualités d’un athlète. Quelles sont les qualités physiques ? Quelles sont les qualités mentales ? Quelles sont les qualités techniques ? Comment-les définit-on ? Comment les mesure-t-on ? Sont-elles différentes d’une ethnie à une autre ? Pouvons-nous les comparer ? Voulons-nous les comparer ?
Aucune question n’avait été abordée, seule la morale était venue balayer tout ce débat d’un revers de main. D’une bêtise aurait pu naître de l’intelligence, nous avons décidé de tout mettre à la poubelle dans un élan de honte et d’ignorance. Heureusement cette question peut être étudiée avec sérieux comme Jean-Philippe Leclaire l’a montré dans son livre « Pourquoi les blancs courent moins vite » qui va chercher les différentes explications de la domination des noirs dans la discipline du 100m et notamment du côté de la génétique.
William Rhoden manque de courage ou d’honnêteté d’esprit car personne n’aurait pu le taxer de raciste s’il était allé chercher de ce côté. On aurait pu alors mieux comprendre les performances des athlètes. Au lieu de cela, il a préféré broder une affaire de « style » pour éviter ce débat. C’est bien dommage.
L’auteur revient ensuite sur le Jockey Syndrome et de comment les blancs ont modifié les règles au 20ème siècle pour limiter le succès des noirs. Un organisateur de marathons a ainsi essayé de mettre en place un quota de kenyans. La NCAA a banni les comportements de provocation et de célébration en enlevant le casque au football américain. La NBA a changé la règle des lancers-francs à cause de Bill Russell et Wilt Chamberlain, deux pivots noirs extrêmement dominants des années 60.
Sur ce dernier point, je me demande si la NBA aurait changé la règle si Bill et Wilt avaient été blancs. En gros, est-ce que la règle a été changé parce que des noirs marquaient facilement sur une portion de la règle (les lancers-francs) ou a-t-elle été changée parce qu’ils étaient trop dominants physiquement ?
Mais encore une fois, l’auteur ignore complètement cette dimension physique.
Le sport universitaire et la Conveyor Belt
Le dernier quart du livre redevient intéressant car il aborde le sport universitaire et la situation actuelle des athlètes noirs. Déjà, il faut savoir que la situation aux Etats-Unis est très spécifique. Les lycéens s’affrontent dans divers sports et ils sont très suivis. Très suivis au point de produire beaucoup de spectacle et donc beaucoup d’argent. Argent dont les joueurs ne voyaient pas le moindre centime jusqu’à très récemment avec une autorisation de se faire des revenus via les réseaux sociaux, en vendant leurs produits et en faisant des partenariats de sponsoring.
Bref, la NCAA est un système d’exploitation monumentale. Et comme tout système capitalise, la NCAA se protège et huile ses rouages pour exploiter ses travailleurs au mieux tout en écrasant ou corrompant ceux qui voudraient la menacer.
William Rhoden cite ainsi l’exemple de Chris Webber dit C-Webb et du Fab Five. Un cinq majeur dominant de l’université du Michigan qui ira en finale deux fois de suite en 1991 et 1992 . La particularité de ce cinq majeur était qu’il était constitué de 5 joueurs de première année et tous de couleur noire. Ils auraient pu aller dans une université noire pour lui permettre de prendre du pouvoir mais Chris Webber dira plus tard que ces universités n’avaient d’infrastructures assez performantes pour les satisfaire.
Cet exemple m’a frappé car c’est un souci assez commun dans le sport, peu importe le niveau, notamment le sport collectif : les plus gros vont toujours aspirer les talents des plus petits. Les plus petits doivent alors grossir par d’autres moyens que des talents purs dénichés pour pouvoir garder ces derniers. Autrement, ils se les feront toujours voler.
Mais bref, je divague.
Abordons plutôt la problématique du « Conveyor Belt » ou le tapis roulant en français. C’est le processus par lequel les jeunes athlètes noirs sont sélectionnés et modelés pour aller jouer dans différentes franchises. Il a pour but d’isoler les athlètes et de les rendre vénal. Une fois cette vénalité mise en place, on va pouvoir mettre des barrières à l’athlète et le menacer en le tenant par l’argent.
Les parents et l’entourage sont soit corrompus ou écartés s’ils sont une menace pour l’institution.
Et là arrive un passage extrêmement intéressant de ce livre où Kellen Senior, un athlète qui était passé par ce processus, voit son fils, Kellen Junior, embarqué extrêmement jeune sur le tapis roulant. Il voit la corruption arriver, il voit les recruteurs aller parler au coach, à son fils sans passer par lui. Il entend les discours manipulateurs avant qu’ils soient énoncés et il l’illustre bien dans cette citation :
« We have to get parents to understand that : You earn a scholarship, you’re not given a scholarship. You have to change the language that people use; once you change their language, you change their perspective.”
“Nous devons faire comprendre cela aux parents : Vous avez mérité une bourse, on ne vous donne pas une bourse. Il faut changer le langage que nous utilisons ; une fois que l’on change le langage, on change notre vision des choses. »
Il montre brillamment avec ces mots que la domination passe par le discours et que ce discours peut être cassé facilement en mettant des mots sur son point de vue personnel.
L’autre aspect du tapis roulant est de faire croire deux choses aux athlètes :
- La première chose n’est pas de leur faire croire quelque chose mais plutôt de leur faire oublier quelque chose : leur couleur de peau. Alors que Moses Fleetwood et Major Taylor se pensaient différents du « Typical Negro », les athlètes du Conveyor Belt oublient carrément qu’ils sont noirs. Ils le découvrent dans leur vie adulte, une fois que leur vie d’athlète est achevée et que leur utilité est passée. Ils deviennent inconscients d’une partie de leur être.
- La seconde chose est de faire croire dur comme fer à l’athlète qu’il a plus besoin des instances sportives que ces dernières ont besoin de lui. L’athlète sait qu’il ne doit pas faire de vagues.
Le phénomène Michael Jordan
Arrive alors le chapitre sur Michael Jordan. Ce chapitre est l’un des plus intéressants du livre car alors que William Rhoden ne critique jamais un athlète noir du bouquin…Il ne va pas critiquer son « Highness » de manière ouverte….mais il va lui balancer des tacles de l’espace régulièrement et très subtilement.
Premièrement, l’auteur pense que Michael Jordan a été un parfait serviteur de la ligue.
« How to take black style and showmanship, but somehow leave behind all of the more “inconvenient” features of blackness in America. How to make race visible and invisible simultaneously.
The answer was to have blacks act neutral, but perform spectacularly.
Like Mike”
“Comment prendre l’art du spectacle et le style noir en écartant tous les inconvénients de la noirceur aux Etats-Unis. Comment rendre la race visible et invisible en même temps.
La réponse était que les noirs agissent avec neutralité en performant spectaculairement.
Comme Mike. »
Mais alors que Michael Jordan était un compétiteur féroce et un gros trash-talker, il ne bougeait pas à un doigt face au racisme.
« As a competitor, Jordan’s vim and vigor- his will to win, his willingness to criticize publicly and abrasively anyone he deemed counter to his cause-are legendary. No one was spared: coaches, teammates, front-office staff. He reveled in confrontation. Except when it came to confronting racism”.
« En tant que compétiteur, la fougue et la vigueur de Jordan, sa volonté de gagner, sa volonté de critiquer publiquement et de manière corrosive toute personne se dressant contre lui sont légendaires. Personne n’était épargnée : coachs, équipiers, personnel administratif. Il se délectait de l’affrontement. Sauf lorsqu’il s’agissait d’affronter le racisme. »
Je trouve cette citation incroyable car elle est un tacle monstrueux envers Michael Jordan. Encore plus lorsqu’on connait la NBA.
Disons-le tout de suite : Michael Jordan est un connard. Il critiquait régulièrement ses coéquipiers. Il en a tapé certains. Il s’est bagarré avec Reggie Miller, un joueur emblématique des Indiana Pacers, sur le terrain en ayant provoqué la bagarre. Il était odieux avec son general manager, Jerry Krause. Il a traité le plus petit joueur de la NBA, Mugsy Bogues, de nain en plein match.
Bref, alors qu’il n’avait pas peur de la confrontation et d’être agressif. Michael Jordan n’avait jamais utilisé cette combattivité pour lutter contre le racisme.
Et William Rhoden le passe donc au lance-flammes pour ça.
Il faut néanmoins garder en tête que le livre a été écrit en 2006. Depuis, Michael Jordan s’est exprimé sur le sujet. Le King Lebron James intervient régulièrement sur la cause des noirs et des lycéens en NCAA. Le syndicat des joueurs est devenu beaucoup plus puissant. Et alors que Michael Jordan avait été dégagé des Wizards, il est devenu propriétaire des Hornets en 2010.
La fin du livre aborde d’autres sujets qui sont peu intéressants et mal écrits. Nous ne perdrons donc pas de temps et je vais aller directement à la conclusion.
Conclusion
Ce livre est un bijou d’écriture et une belle narration de l’histoire sportive afro-américaine. Néanmoins, je trouve que l’auteur ne manie aucun chiffre et manque d’une certaine objectivité. Il veut tellement se battre pour la cause des noirs qu’il peut broder et tordre certains points de vue pour se conformer à sa narration. Néanmoins, je trouve son texte extrêmement juste sur une multitude de points de vue mais il aurait gagné énormément en qualité avec plus de rigueur scientifique.
Je vous quitte avec une citation finale qui exprime très bien toute la difficulté d’un groupe opprimé :
« The paradox for this contemporary tribe of black athletes is: how do I simultaneously move as an individual and move as a part of a group?”
“Le paradoxe pour cette tribu contemporaine d’athlètes noirs est : Comment est-ce que j’avance simultanément en qu’individu et en tant que membre d’un groupe ? »
En tant que leader ou membre avantagé d’un groupe opprimé, voulez-vous utiliser votre grandeur à votre seul bonheur personnel ou voulez-vous la mettre au service des votres pour que le monde devienne une place plus juste ? Qui à perdre des plumes et des avantages dans cette lutte ?