"l'Agilité dans les sports collectifs"
de Bernard Grosgeorge et Stevy Farcy

 

Verdict

Un ouvrage étonnant et passionnant sur la théorie de l’agilité dans les sports collectifs. Aurait gagné à avoir plus de finition.

7/10

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 Petit livre paru chez 4Trainer et écrit par Bernard Grosgeorge et Stevy Farcy, « L’ agilité dans les sports collectifs » m’a beaucoup surpris.

Profitant de ma lecture de « l’entraînement de la vitesse, l’agilité et la vivacité » que j’ai critiquée ici, j’ai poursuivi directement sur cet ouvrage et j’y ai trouvé un énorme approfondissement.

On va tout de suite disséquer l’agilité comme les auteurs le font afin de coucher les connaissances principales de cet ouvrage.

Définitions

Dès le début, ils définissent l’agilité comme la facilité à se mouvoir et la divisent en quatre catégories. Malheureusement, ça commence mal car elles ne sont pas clairement définies. Voici ce que j’en ai compris :

-          L’agilité planifiée est une compétence fermée dans le sens où les mouvements à réaliser sont connus à l’avance. Elle est fortement influencée par la force et la puissance. On travaille cette qualité dans des tests fermés où l’athlète doit réaliser des changements de direction sur de courtes distances le plus rapidement possible.

-          L’agilité réactive est une compétence déjà plus ouverte qui inclue des compétences décisionnelles et perceptives. C’est la vitesse de réaction en gros. On travaille cette qualité dans les mêmes conditions que dans l’agilité planifiée sauf que l’on va exiger des prises de décision à l’athlète à partir de signaux oraux ou visuels donnés par l’entraîneur. On est dans la vivacité décrite dans le livre « L’entraînement de la vitesse, l’agilité et la vivacité » que j’ai critiquée ici.

-          L’agilité active est la capacité à bouger, à changer de direction contre des adversaires selon un contexte particulier (surnombre offensif ou défensif, prise d’avance sur le vis-à-vis ou pas…). L’agilité active inclue une obligation d’opposition pour être développée.

-          L’agilité proactive se situe toujours dans une situation d’adversité et se définit uniquement dans le livre par l’intention de feinter.

J’aurais aimé que les auteurs définissent clairement ces 4 qualités qui sont au cœur de leur livre dans les premières pages du livre en les présentant clairement avec un titre, une définition et une présentation au lieu de disperser les explications dans tout le bouquin. J’ai dû ainsi aller fouiller un peu partout pour vous proposer ces simples définitions alors qu’elles devraient être facilement accessibles.

C’est d’autant plus dommage que le livre peut être bien construit par endroits. J’ai beaucoup aimé l’aération du texte avec des paragraphes bien dimensionnés, des titres en gras qui reviennent de manière pertinente et surtout des schémas bien placés qui n’interrompent pas le rythme de lecture.

Quelques failles

Je regrette par contre une inégalité dans l’utilisation des études. Parfois, des concepts sont rédigés de manière passionnante sur plusieurs lignes, on est emporté par cet apprentissage d’une connaissance. D’autres fois, les phrases expliquant un concept vont être interrompus par cinq citations de noms d’auteurs. Je pense qu’il faut vraiment réduire au minimum la pollution visuelle dans ce genre de livre d’apprentissage.

Je regrette aussi l’utilisation fréquente d’abréviations de termes anglais sans le moindre lexique de fin. C’est vraiment dommage alors que les auteurs introduisent un nombre important de nouveaux concepts comme les différents types d’agilité décrits plus hauts, les CODS (Changes of Direction Speed), RSA(Repeated Sprint Ability), CMJ (Contre Mouvement Jump) et bien d’autres….

Cela fait beaucoup de termes nouveaux à absorber sans la possibilité d’aller en voir la signification à un endroit facile d’accès.

On a également des fautes d’édition avec par exemple une absence de photo à la page 85 qui est censée illustrer une explication des auteurs.

J’aurais aimé que les éditeurs soient plus rigoureux sur toutes ces choses qui viennent gâcher le travail de recherche monstrueux des auteurs. En effet, au lieu d’aller Boris Diaw pour nous lâcher son « avis d’expert » en 4ème de couverture, j’aurais préféré que les problèmes cités soient traités.

Je finirai sur une note positive car Messieurs Grosgeorge et Farcy le méritent amplement. J’ai adoré leur curiosité intellectuelle et leurs tentatives de mettre des mots sur un tas de concepts :

-          J’ai adoré leurs réflexions sur les avantages du « cross step » et du « side step » ou du « hip turn » et du « drop step ». Même s’ils ont montré encore une fois qu’expliquer des mouvements par des mots sans illustration est super dur.

-          J’ai adoré leurs réflexions et explications sur l’impact des segments sur l’agilité.

-          J’ai adoré leurs rapports sur l’impact entre la vue et la performance, entre la force et la réussite au plus haut niveau.

Bref, ils sont allés chercher beaucoup d’information pour créer un livre très intéressant mais qui n’est pas à mon avis à la hauteur du travail réalisé. Je pense qu’ils ont plus beaucoup plus à apporter mais que le rendu final ne leur fait pas honneur et n’est pas assez transmissible.

Par exemple, les parties finales sur les exercices à faire et le type de planification à respecter est un peu balancé par-dessus la jambe. A se demander pourquoi cela a été abordé.


En conclusion, ce livre est un très bon matériau brut pour réfléchir sur l’agilité. Malheureusement, il manque de polissage pour exploiter son plein potentiel.