Bilan de mon confinement
Il y a quelques années, j’avais fait un bilan sur mon activité. Le confinement a été une bonne occasion de tenter des choses nouvelles et je veux vous en faire part aujourd’hui.
I. Les cours en ligne
Dès le début du confinement, j’ai reçu quelques appels et mails de vautou…euh, d’entrepreneurs de la start-up nation me demandant si je faisais des cours en ligne.
Je trouvais l’idée complètement conne donc j’ai refusé ou ignoré toute demande. Puis des proches m’ont demandé et j’ai décidé de reconsidérer la question avant de voir ce que je pouvais faire. En tant que gamer avéré, j’ai immédiatement pensé à Twitch.
J’ai vu que la concurrence rushait pas mal Zoom et compagnie mais j’ai finalement choisi Twitch :
- Vu la section fitness assez limitée sur Twitch, je voulais voir si je pouvais choper des gens via ce biais.
- Je voulais composer ma scène (combinaison de plusieurs caméras) facilement.
- J’avais quand même un feedback de leur part via le chat.
J’ai donc donné des cours tous les matins et ce fut une bonne expérience. J’ai également eu un cours privé avec des élèves sur Zoom donc j’ai pu avoir les deux faces du cours en ligne.
Twitch a été vraiment un déclic. Je me souviens encore très bien du premier cours. J’avais réglé ma webcam pour me prendre dans l’axe et j’avais téléchargé DroidCam sur mon smartphone pour le mettre sur ma mezzanine et me filmer en plan large afin que les élèves puissent voir tous les mouvements.
8h30 arrive, je me sens comme un con : je suis dans mon studio en t-shirt et en short et je me retrouve à parler tout seul à deux trous noirs. Putain, la galère. Sont arrivés alors deux noms familiers sur le chat Twitch : Nicolas et Augustin, deux de mes handballeurs. C’était le début de quelque chose de cool.
Un cycle vertueux s’est alors mis en place et il s’est décliné de plusieurs manières.
1. Les vertus du cours en ligne
A. Le bien-être personnel
J’étais avec mes potes tous les matins à faire du sport pendant 30 minutes. Assez pour bien lancer sa journée mais pas trop pour que ça me fasse chier. Je ne les voyais pas mais leurs noms qui balançaient deux trois vannes dans le chat suffisaient à me faire plaisir.
De plus, des anciens élèves sont venus me rejoindre pour mon plus grand bonheur. C’était trop cool de voir différentes personnes que je connaissais se mélanger via ce cours même si le clan handballeur a clairement dominé.
Des gens m’envoyaient régulièrement des mails ou des messages pour me dire qu’ils faisaient le cours en décalé et c’était super satisfaisant de voir que je touchais autant de gens.
B. Un cours correct
J’étais vraiment pas chaud au début car j’attache beaucoup d’importance au feedback technique et au fait de pouvoir corriger mes élèves.
Au final, je pense que l’exercice a été intéressant. Le feedback du chat aidait à ce que je puisse leur proposer des corrections afin qu’ils fassent mieux leurs exercices. Beaucoup des gens présents étaient mes élèves et connaissaient donc la plupart des consignes à respecter.
C. Une réhabilitation du poids du corps
Je vais être honnête et rendre à César ce qui est à César, je chiais légèrement sur le poids du corps avant le confinement. A l’aide du livre « La bible de la musculation au poids du corps » de Christophe Pourcelot, j’ai constitué un programme à proposer à mes élèves tous les matins et…j’ai kiffé.
J’ai vraiment progressé dans la maîtrise de l’outil qu’est le poids du corps et Christophe Pourcelot est encore plus remonté dans mon estime. J’avais vraiment pas kiffé son livre « 100%, Cross-Training » et on m’avait offert le livre sur le poids du corps que j’avais lu sans grande conviction.
Mais ce confinement a été une belle révélation : on peut faire des chouettes choses avec le poids du corps et Christophe est vraiment un chouette gars.
D. Mon aisance à l’oral
C’est l’une de mes améliorations préférées de ce confinement : j’ai énormément progressé dans mon aisance à l’oral. La gêne que j’avais au début a complètement disparu et je parle désormais avec une aisance totale. J’imagine complètement les gens à qui je parle et c’est vraiment l’une des clefs de ce changement.
J’ai également beaucoup réécouté mes podcasts avec Babou et je lui dois beaucoup dans cette transformation. Il est la personne qui m’a aidé à améliorer mon parler.
Ca va être très précieux pour faire des vidéos car je serai alors moins handicapé devant l’objectif.
E. Un gain de temps considérable
Oh boy, ça, c’était plutôt jouissif. La contrainte du temps est super chiante en temps que coach sportif auto-entrepreneur. Je bouge d’endroit en endroit pour donner mes cours. La demande est majoritaire en dehors des heures de bureau, donc les horaires potentielles sont limitées.
Pouvoir donner un cours et immédiatement pouvoir enchaîner sur autre chose sans perte de temps de transport a été un énorme plaisir.
2. Les limites des cours en ligne
Ces cours en ligne ont été une très belle expérience mais ils comportent beaucoup de limites :
A. J’ai dû participer au cours
Le coach qui participe aux cours est un modèle dominant dans les cours collectifs en salle. Mais il est pour moi une aberration. En effet, si je suis blessé, je suis mort. Zoom permet de contourner cela car l’on voit ses élèves et on peut montrer brièvement le mouvement avant de les superviser mais cette période est venue confirmer ce que je pensais : un coach sportif ne doit pas dépendre de cours auxquels il participe pour de multiples raisons car à l’instant où il se blesse, son gagne-pain s’envole. De plus, il reste un être humain et ne peut durer dans le temps en donnant 5-10-15-20 heures de cours par semaine. L’organisme ne peut durer une telle cadence pendant plusieurs années.
De plus, un coach qui fait l’exercice en même temps que ses élèves n’est pas un coach qui corrige ses élèves. Or, ces derniers viennent le voir précisément pour cette expertise.
B.Un feedback moyen voir bas
Je n’en démordrai pas : le cours en ligne reste une solution de dépannage ou de complément. Mais il a besoin d’un support technologique très important pour être efficace. Je pense que plusieurs de mes élèves s’en sont bien tirés mais je sais aussi que pas mal d’entre eux ont mal exécuté plusieurs exercices. Ils ont besoin de mon feedback pour progresser et que je tourne autour d’eux pour voir leurs mouvements afin de les corriger.
Au-delà du débat sur le contact social, le cours en ligne n’atteindra jamais la qualité d’un cours réel si l’élève n’a pas plusieurs caméras qui permettent de voir tout le mouvement sous divers angles et évidemment si le coach n’a pas un matériel similaire pour faire ses démonstrations.
Par contre, je pense que le cours en ligne est mieux que rien et qu’il peut être intéressant pour servir de motivateur à des élèves qui sont déjà initiés et qui sont autonomes techniquement.
C.Limité niveau matériel
Alors que j’avais au début hésité à faire des cours avec du matos divers, j’ai vite décidé de faire des cours sans matos afin de ne laisser personne derrière. Comme je l’ai dit, ça a été enrichissant mais c’est quand même dommage de se priver de matériel et donc de possibilité.
Je pense que si dans le futur, je propose des cours en ligne, ça sera avec matériel car le poids du corps reste super limité, notamment pour les tirages et du coup le développement du dos.
Mot de fin de chapitre
Je pense que le cours en temps réel est supérieur au cours en ligne et je veux continuer à en donner pour enseigner. Néanmoins, je pense que le cours en ligne a un potentiel. Je ne sais pas encore si je continuerai ni comment. Si c’est le cas, j’aimerais améliorer ma qualité d’image, mon son et que chacun ait accès à du matériel pour avoir plus de possibilités.
II. Le moine
Dans ma cellule de 21m², j’ai pas mal étudié pendant le confinement et je pense que je me suis amélioré sur pas mal de points.
Je n’ai pas autant lu que je le voulais mais je m’en suis pas mal tiré. J’ai maté beaucoup de vidéos. Et surtout, j’ai été sollicité pour faire des programmes.
J’ai progressé de dingue.
Lire et suivre les auteurs que je respecte est le meilleur moyen pour moi d’apprendre. Mais avoir la chance de mettre ces savoirs en place est le meilleur moyen de passer des palliers. C’est en se confrontant à la réalité que je réalise certaines erreurs et que je peux ajuster.
Une altération de ma philosophie
J’ai commencé mes cours collectifs avec mes circuits-training mais je veux changer aujourd’hui. Je veux pouvoir offrir à mes élèves un développement de toutes leurs qualités physiques. Je veux leur apprendre à lancer, courir, accélérer. Je veux qu’ils deviennent plus forts, plus puissants et plus coordonnés.
Bref, je veux que leurs horizons s’élargissent quand ils viennent à mes cours et qu’ils découvrent qu’il y a une multiplicité façons de s’entraîner et que leur corps a beaucoup à leur offrir.
C’est pourquoi j’ai acheté des nouvelles haies et des cerceaux pour intégrer des entraînements de vitesse, agilité et vivacité dans mes cours collectifs par rapport à mes dernières lectures.
Je pense les remodeler de façon à ce que chaque cours comporte 2 ou 3 modules qui permettent à mes élèves de découvrir et de travailler différentes qualités physiques. Je ne sais pas bien encore comment je pourrai mettre ça en place. Je serai évidemment limité au niveau matériel par ce que je peux porter (bye bye kettlebells, haltères, medecine-ball et autres sacs bulgares :’() mais j’ai vraiment à cœur d’essayer d’aller dans ce sens.
III. Le marketeux et le créateur de contenu
Wooooo, ça a été une formidable occasion de réfléchir sur la manière de choper des élèves, sur mon site web et sur le contenu qu’il contient.
Je pense que choper des élèves via son contenu est super dur et épuisant car en plus de préparer et donner mes cours, je dois lire et chasser l’information avant de la synthétiser pour la présenter via mon site web.
Je pense également que choper des élèves via un travail plus traditionnel (aller se présenter à des acteurs du monde la santé, faire du démarchage commercial…) serait plus efficace et je serai peut-être bien avisé de tendre vers ça.
Néanmoins, la création de contenu me donne l’avantage de devenir meilleur tandis que j’apprends et synthétise l’information. Mais j’ai réalisé que j’ai fait une erreur majeure toutes ces années. Je me contentais de poster des articles dans mon blog sans réel fil rouge ni organisation robuste du contenu.
Ce qui fait qu’à chaque fois qu’un proche me posait une question, j’étais en incapacité de lui indiquer un endroit précis de mon site pour qu’il puisse y trouver l’information.
J’ai donc compris que je devais réorganiser mon site pour que chaque nouveau contenu aille remplir une catégorie et que ces catégories répondent aux questions habituelles de mes élèves et de mes proches.
1. Une réorganisation du site
J’ai ainsi prévu de faire un « temple du savoir » où 5 catégories principales constitueront le cœur de mon contenu :
- Des synthèses indispensables : par exemple la base de l’alimentation, qu’en est-il des étirements…
- Les exercices à la loupe : un article et une vidéo seront consacrés à un exercice que je présenterai en détail.
- Les programmes : c’est un truc que j’ai adoré pendant ce confinement : faire des programmes pour mes proches. J’ai donc pour projet d’en rédiger pour des personnes fictives ou réelles pour montrer des exemples de ce qui est possible. Chaque programme sera axé autour de l’amélioration d’une ou de plusieurs qualités physiques.
- Le matériel : l’un de mes atouts que je dois exploiter. Je m’entraîne énormément en extérieur et j’adore tester de nouveaux outils d’entraînement. J’ai acquis du savoir que je peux partager ainsi.
- Les critiques littéraires : le dernier atout. Je suis un grand lecteur et je peux partager mes avis littéraires ainsi.
2. Une nouvelle création de contenus
Tout ceci doit être créé. J’ai donc fait pas mal de tests audios et vidéo pour créer du contenu et j’ai beaucoup galéré.
Je pense qu’il ne me faut plus qu’un enregistreur externe (un autre smartphone ou un enregistreur vocal) pour pouvoir faire mes vidéos avec le son de mon micro qui me permettra d’avoir quelque chose de valable à offrir.
Mais passé ce souci technique, je suis de plus en plus convaincu que mon salut viendra de tendre vers l’action. C'est-à-dire que je dois juste produire en masse avec ce que je sais mais ne pas trop me pignoler sur le rendu final. On peut toujours avoir peur de la qualité vidéo, du cadrage, de l’arrière-plan, de la lumière…
En fait, on s’en bat les couilles. Le but est juste de faire, de produire, qu’une page supplémentaire référencée par Google soit disponible afin d’attirer davantage de gens intéressés par mon travail.
Une fois que je produis du contenu « good enough », j’ajuste légèrement à chaque nouveau contenu similaire basé sur ce que j’ai appris avant.
Mais en faisant ça :
- Je rends visible ce que je sais et je peux diriger les gens qui me demandent des informations vers ce contenu.
- J’apprends et j’ajuste.
- J’ai plus de contenu pour attirer des élèves.
Le contenu attire des gens et Google me place mieux dès que j’en prend produis régulièrement. Regardez ainsi comment mes visites ont augmenté depuis que j’ai recommencé à produire à partir de décembre 2019. Je suis persuadé que ce chiffre augmentera davantage dès que mon contenu sera plus organisé. D’autant plus lorsque j’aurai épuré mon ancien contenu qui reste encore pollué par rapport à la transition Wordpress=>Squarespace.
On s’aperçoit également que mes articles qui marchent le mieux portent sur des thèmes communs : les pompes et le circuit-training en l’occurrence. Je pense donc que je dois continuer à écrire sur ce qu’il me plaît mais aussi investir des domaines plus grand public afin d’attirer ces débutants pour qu’ils puissent ensuite aller plus loin s’ils le souhaitent.
3. Se baser sur les miens
J’ai également compris pendant ce confinement et juste avant lorsqu’une amie, Elo, m’avait demandé de l’aide pour son programme de salle que je devais me baser sur les gens qui m’entouraient et que j’apprécie.
Je dois être capable de renvoyer en deux secondes un proche vers un contenu que j’ai créé pour l’aider à répondre à sa question.
Non seulement, j’aide ainsi plus facilement la personne qu’en lui répondant individuellement mais en plus je m’adapte à des contraintes réelles.
4. Je dois inclure du fun
La création de contenu peut être redondante voir effrayante lorsque l’on n’a pas d’idée et qu’il faut produire pour produire du contenu.
J’ai donc besoin de rendre ça fun. En suivant le graphiste Balo sur Youtube qui créé des logos pour des personnages imaginaires ou qui fait des montages Photoshop selon les demandes de ses abonnés.
Je pense que l’exercice pourrait être super fun. Je pourrais créer des programmes demandées par mes proches et les partager à tous avec les contraintes que l’on connait (nombre de séances, matériel, qualité physique recherchée…) et illustrer les exercices avec des vidéos contenues dans d’autres rubriques.
Conclusion
Cette période de post-confinement va être décisive pour le reste de ma vie. Je dois indubitablement investir davantage le côté numérique pour construire du contenu qui illustre ce que je sais afin que les gens puissent en profiter facilement et qu’on puisse voir que je suis compétent dans ce que je fais.
Si j’élimine les problèmes techniques et que je trouve une bonne routine de création, ceci sera intéressant et enrichissant.